Energie

Alex Polfliet, consultant en énergie opte pour l’abolition du changement heure d’été/heure d’hiver sous conditions.

(d’après : reporting by Michaël Torfs, Wim De Maeseneer, Sam 27 Oct 2018)

Le régime actuel d’heure d’été a été introduit en 1977 à la suite de la crise pétrolière, afin d’économiser sur notre consommation d’énergie. « Mais avec le recul, il est difficile de savoir si cela fait vraiment une différence », explique Alex Polfliet, expert en énergie. « Parce qu’en fait, le pic de notre consommation d’énergie ne fait que changer. » Et si plus ou moins d’énergie est consommée, il est difficile de dire si c’était spécifique au changement horaire. Il y a tellement de facteurs qui déterminent notre consommation, qu’il est très difficile de tirer une conclusion.

Soit dit en passant: fournisseur d’énergie Essent.be a calculé dans ce contexte que nous économisons seulement 2,6 euros sur notre facture d’énergie en raison de l’heure d’hiver. Une différence négligeable, qui est devenue très faible en raison, entre autres choses, de l’éclairage LED économe en énergie.(Essent :ne concerne que l’électricité et le gaz)

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Si la Belgique optait pour un fuseau horaire permanent différent de celui de la France, elle ouvrirait des perspectives.

Lorsqu’on lui demande s’il serait préférable d’un point de vue énergétique de jeter le changement d’heure au bac, Polfliet répond sous condition: « C’est peut-être intéressant, mais par exemple dans le cas où la Belgique choisirait un moment différent de celui de l’un des pays voisins, comme les Pays-Bas ou la France. »

Tout a à voir avec la consommation de pointe. « C’est avec nous les jours froids d’hiver entre 18:00 et 18:15, mais c’est aussi le cas en France ou aux Pays-Bas. » ; quand on pense à l’offre étroite en Belgique et à nos centrales nucléaires délabrées, nous pourrions donc utiliser un truc pratique pour rester en dehors des eaux de nos pays voisins.

Par exemple, si la France - parce que les pays du Benelux ont déjà indiqué qu’en principe ils resteront dans un fuseau horaire - aurait une différence d’heure par rapport à la Belgique, alors ce pic serait à un moment différent et un peu mieux réparti, ce qui peut être utile pour les importations et les exportations, parce que la France aussi n’a pas d’électricité excédentaire, et doit parfois importer.si cela se présentait ainsi, Polfliet évalue l’avantage à 400 mégawatts, ou la capacité d’une de nos plus petites centrales nucléaires à Doel.

M Walter Hecq, Centre d’études environnementales économiques et sociales (CEESE) de l’Université libre de Bruxelles.

Selon le professeur Walter Hecq, contacté par l’agence Belga, le changement d’heure est une mesure de moins en moins pertinente. . « En 1977, lorsque l’heure d’été a été introduite, l’idée était de réduire la consommation d’énergie par l’éclairage. Avec l’avènement des lampes économes en énergie, l’effet de la mesure devient de moins en moins important. "

Dès 1991, le professeur faisait des recherches sur l’impact du changement horaire sur la consommation d’énergie. Et il était déjà arrivé à la même conclusion. « Le gain d’énergie était déjà minime, inférieur à 1 %. Et il est toujours en déclin. Récemment, une étude allemande a montré que le changement d’heure n’a absolument aucun impact sur la consommation », poursuit le professeur. « Cette étude a abordé la question de la consommation d’électricité dans le monde entier en tenant compte des entreprises, des écoles, etc. Et l’impact de la mesure a été presque nul.

Selon Walter Hecq, toutes les études sont unanimes : « Le changement d’heure n’est pertinent nulle part. » « Et avec le changement climatique annoncé, il est même possible que cet impact devienne négatif », prévient le professeur. « Aux États-Unis, il y a eu une explosion de la consommation d’électricité en début d’après-midi en raison de l’utilisation intensive de la climatisation en journée. »

Une décision « européenne »

Toutefois, le changement peut-il être utile pour prévenir une panne d’électricité en hiver? « Compte tenu de l’impact minimal sur la consommation d’électricité, il est presque hors de propos », estime le professeur.

Contacté par Belga, le cabinet de la ministre de l’Energie Marie-Christine Marghem confirme les propos du professeur Hecq. « Le changement d’heure n’a aucun impact sur la consommation d’électricité. Cela a également été confirmé par une étude du FPS Economics. Le changement d’heure déplace simplement la consommation d’électricité une heure plus tôt ou une heure plus tard. « En outre, le Cabinet a rappelé que la décision de changer l’heure deux fois par an a été prise au niveau européen.

Autres études à l’étranger.

Une étude dans l’Indiana, aux Etats-Unis indique 1% de dépenses supplémentaires en électricité pour les 8 mois en heure d'été simple (comme en Allemagne), avec une plus forte consommation à l’automne, 2% à 4%.

L’avancement de l’heure implique de se lever plus tôt et donc chauffer une heure plus tôt aux heures les plus froides. On peut aisément imaginer qu’appliquer l’horaire d’été en hiver, aurait un coût énergétique supérieur, que se soit pour le chauffage des bâtiments ou pour la lumière, ce qui semble incompatible avec la lutte actuelle contre le réchauffement climatique.(https://www.nber.org/papers/w14429 )